Figures d’inspiration

Des personnages, concepts, lieux, situations... liés à la singularité. Des figures dramaturgiques et symboliques. Bref, le « champ » a partir duquel l’imagination de chacun peut se déployer.

Alexa

« Alexa » est l’intelligence artificielle créée par la société Amazon, dont l’objectif est de nous « aider » à tout instant de la vie. Elle s’installe chez soi via une interface qui coûte moins de 200$, le cylindre noir « Echo » (pas encore disponible en France). Alexa écoute tout ce que nous disons, et cherche à répondre au mieux à nos besoins, par la parole, la mémorisation à notre place, le conseil, la domotique... cela semble être de la science-fiction, mais cette machine fonctionne déjà depuis 2014. Son intelligence est en réseau, elle s’enrichit donc en permanence de toutes les conversations qu’elle a. Ses capacités peuvent être étendues par des développeurs indépendants, auxquels Amazon fait des ponts d’or. Son interface Echo possède une excellente reconnaissance vocale. Mais Alexa peut même fonctionner sans son interface, avec n’importe quel ordinateur. C’est un personnage ubiquitaire, qui sera de plus en plus agissant au fil des nouveaux développements techniques, au « service » de tous...

Voir la vidéo promotionnelle d’Echo, l’interface d’Alexa.

« Echo » rencontre un grand succès aux États Unis : il s’en est vendu 1 million en 2015, Amazon espère en vendre 3 millions en 2016 et 10 millions en 2017.

Jacques Lacan

Jacques Lacan (1901-1981) est le fondateur d’une psychanalyse ancrée dans le langage. Son influence fut considérable. Son approche de la psychologie est atypique, construite avec des notions de mathématiques, de logique, de linguistique, de théologie...

Dans sa conférence de 1955 Psychanalyse Et Cybernétique, Ou de La Nature Du Langage, il aborde la question de l’intelligence des machines dans le réel. Citation : quelque chose est passé dans le réel, et nous sommes à nous demander – peut-être pas très longtemps, mais des esprits non négligeables le font – si nous avons une machine qui pense.

Les explications des processus psychologiques que Lacan propose, par le biais de codifications logiques presque algorithmiques, semblent pouvoir être de très bons outils pour penser la singularité de façon concrète.

Ada Lovelace

Ada Lovelace (1815-1852) est considérée comme la première programmeuse de l’histoire de l’informatique, avant même l’existence de cette discipline. Elle avait découvert et s’était passionnée pour la « machine à différences de Babbage », une sorte de gigantesque machine à calculer. Mais elle a, à partir de cela, conçu des modes de fonctionnement, fondateurs de l’informatique, qui dépassèrent largement la machine elle-même. Elle n’a pas pu les mettre en œuvre concrètement.

La machine de Babbage était conçue pour faire un seul type de calcul. Ada Lovelace a étendu conceptuellement les possibles en proposant qu’une machine de calcul puisse être universelle, c’est à dire puisse faire tous types d’opérations, sur tous types d’objets. Ada Lovelace n’a pas fait que rêver l’universalité de l’informatique, elle a en surtout proposé les solutions techniques, à savoir :

  • Elle a envisagé que les calculs numériques des machines puissent représenter autre chose que des nombres, notamment des opérations logiques, et tout ce que l’on souhaite : textes, sons, images, concepts...
  • Elle a aussi envisagé, approfondissant les idées de Babbage, d’employer les cartes perforées des métiers à tisser Jacquard pour pouvoir reprogrammer les machines à loisir. Cela paraît évident aujourd’hui, de stocker sur un support la mémoire et les instructions, mais même le premier ordinateur ultra-rapide de l’armée américaine, l’ENIAC en 1945, n’avait pas au départ cette fonctionnalité, sa programmation passant par des enchevêtrements de branchements de câbles, qu’il fallait manuellement rebrancher un à un pour exécuter un programme différent, ce qui prenait des heures.
  • Elle a conçu la logique de fonctionnement des langages informatiques modernes, à savoir les sous-programmes, les boucles récursives, les branchements conditionnels...

Les concepts d’Ada Lovelace ont largement inspiré notamment John Von Neumann, et bien d’autres, et fondent la logique de fonctionnement de l’informatique actuelle, ainsi que ses usages. Elle a par exemple écrit La machine pourrait composer des morceaux de musique raffinés et scientifiques de n’importe quel degré de complexité, préfigurant sans le savoir les logiques et domaines d’application de l’intelligence artificielle.

Ada Lovelace était la fille du poète Lord Byron qui fut l’initiateur, l’année de la naissance d’Ada en 1815, d’un « atelier d’écriture » auprès de plusieurs de ses amis , qui donna naissance à Frankenstein de Mary Shelley, première occurrence de l’idée d’un humanoïde créé par l’homme, qui lui échappe... Il est étonnant que ce soit sa propre fille qui posera des pierres majeures de la future science qui permettra, deux siècles plus tard, la fabrication réelle du robot intelligent qui s’affranchira de l’humain.

Lien vers le texte fondateur d’Ada Lovelace.

Viv

Les créateurs de SIRI, l’automate de conversation intelligent intégré dans l’Iphone, ont créé une nouvelle société, Viv, pour aller plus loin dans « l’intelligence des objets ».

Le slogan de Viv est : Radically simplifying the world by providing an intelligent interface to everything (« Simplifier radicalement le monde en donnant une interface intelligente à tout »).

Et sur la page d’accueil de leur site web, on peut lire : Viv is an artificial intelligence platform that enables developers to distribute their products through an intelligent, conversational interface. It’s the simplest way for the world to interact with devices, services and things everywhere. Viv is taught by the world, knows more than it is taught, and learns every day. (« Viv est une plate-forme d’intelligence artificielle qui permet aux développeurs de distribuer leurs produits par le biais d’une interface de conversation intelligente. Il est le moyen le plus simple pour le monde d’interagir avec des dispositifs, des services et des choses partout. Viv est enseigné par le monde, sait plus que ce qu’il est enseigné, et apprend tous les jours. »)

Gaston Leroux

Gaston Leroux (1868-1927), auteur entre autres de Le Fantôme de l’Opéra, Le parfum de la Dame en noir, Le Mystère de la chambre jaune et de la série des Rouletabille, est l’un des grands écrivains fantastiques français, sans doute encore sous-estimé. En 1923, son dernier roman, La machine à assassiner, met en scène le transfert d’une intelligence humaine dans un robot, et la question de l’autonomie de la machine.

Son approche, bien que ludique et de fiction, éclaire, bien avant Isaac Asimov et d’une lumière pertinente les questions posées aujourd’hui par le transhumanisme. Les transhumanistes postulent qu’il faudra que les humains fusionnent avec les machines pour pouvoir « passer le cap » de la singularité, que c’est ce à quoi il faut se préparer.

Transhumanisme

Le « transhumanisme » consiste en la volonté « d’augmenter » l’humain par la machine. Cela peut sembler incongru de prime abord, mais les transhumanistes développent un argument assez pragmatique : puisqu’ils sont persuadés que la singularité va avoir lieu, afin que le bouleversement total des règles de fonctionnement du monde, du fait de l’augmentation de la puissance de la pensée des machines, n’en rende pas les hommes prisonniers, la seule solution est que les hommes s’associent aux machines.

Pour ma part, je perçois le transhumanisme comme « vieux comme le monde », « vieux » comme l’humain lui-même : les premiers outils et la domestication du feu sont déjà des façons d’augmenter les capacités de l’homme par la maîtrise des éléments via des outils techniques. Ce qui choque à mon sens dans les thèses transhumanistes est surtout l’ouverture à la pénétration des technologies dans le corps. Mais une paire de lunettes, prothèse de vision, ou un téléphone portable, prothèse de communication, ne sont-ils pas devenus presque intrinsèques à notre corps, car il est difficile de vivre sans eux ? Alors, pour les intégrer au corps, il n’y a qu’un petit pas à franchir, en vérité : les lentilles de contact en sont un exemple ! On peut citer aussi : pacemaker, stérilet...

Blaise Pascal

Blaise Pascal (1623-1662), principalement connu comme philosophe et théologien pieux, fut aussi mathématicien et physicien. En 1645, il inventa la première machine à calculer mécanique (la « Pascaline »). Une machine capable de faire, de façon plus fiable et plus rapide que l’humain, des additions, soustractions, multiplications et divisions...

A mon sens, ce premier « calculateur » est vraiment l’origine du « computer » (en anglais, on dit « calculateur », alors qu’en français, « ordinateur » signifie plutôt « organisateur », ce qui est une version plus poétique mais moins juste de la chose, car dans ces machines, au fond, tout n’est que calcul). Je situe la Pascaline, il y a plus de trois siècles, comme le point de démarrage de la future singularité.

Paul Virilio

Paul Virilio (né en 1932) est urbaniste et philosophe de l’accélération technologique, de l’accélération du temps opéré par les machines, qui rend le réel de moins en moins préhensible par les humains.

Depuis les années 1980, Paul Virilio prédit de façon extrêmement concrète la survenue progressive de « la singularité » et ses dangers majeurs. Sa vision est catastrophiste, mais ses intuitions sont extrêmement éclairantes.

Zenbo

Zenbo est un robot mobile, interactif, « intelligent », qui sera en vente à partir de la fin de l’année 2016, au prix de 599 dollars. Conçu par la société taïwanaise Asus, qui est l’un des plus gros fabricants d’informatique, il sera l’un des premiers robots assistants mobiles accessible au grand public, du fait de son prix. Asus, qui avait démocratisé l’ordinateur ultraportable en 2007 avec le eeePC, annonçant les tablettes, démocratisera peut-être aussi les robots humanoïdes domestiques dans un an...

Le seul concurrent annoncé de Zenbo est son cousin français Buddy de la société Blue Frog Robotics, qui sera disponible à la même période, pour 100 dollars de plus.

On pense à priori que ce genre d’objet est inutile et superflu, de même que l’on pensait cela au début pour internet, l’email, les téléphones mobiles... mais lorsqu’on regarde les vidéos de démonstration, on se rend compte qu’il s’agit de nouvelles façons de vivre qui s’annoncent...

Voir la vidéo promotionnelle de Zenbo.

Masahiro Mori

Alan Turing

Claude Shannon

Claude Shannon (1916-2001) est un scientifique américain, qui a travaillé, entre autres avec Alan Turing, à la conception des fondements de l’informatique. Il a conçu le système de numérisation du signal sonore qui est encore employé aujourd’hui, mais il a surtout inventé le système de transmission des informations numériques entre les machines, c’est à dire les moyens qu’ont les machines de communiquer entre elles. Un des piliers de leur future intelligence...

Son « schéma de communication » a été repris par des chercheurs en sciences humaines pour être appliqué aux communications entre les êtres humains... on commence alors à envisager les échanges humains sous la forme de l’algorithmie. Claude Shannon a toujours été extrêmement critique sur ces applications « humaines » de ses recherches.

Claude Shannon était aussi un personnage très excentrique, qui a fabriqué en 1960 le premier ordinateur portable pour tricher au casino, qui était expert en jonglage allant jusqu’à en publier une méthode, ou qui fabriquait des échasses motorisées...

Grace Hopper

Grace Hopper (1906-1992)

Drones

Gordon Moore

Hello Barbie

Ray Kurzweil

Karel Čapek

Her

John Von Neumann

Isaac Asimov

Jean Jennings

Jean Jennings (1924-2011)

Philip K. Dick

Chris Marker

Irvin John Good

Eleizer Yudkowsky

Elon Musk

Betty Snyder

Betty Snyder (1917-2001)

Marvin Minsky

Cathy O’Neil

John McCarthy

Michel Serres

Vernor Vinge

A suivre...

Dessins : Leny Müh.